• Mes ouvrages édités

    Sans interdit, de Patryck Froissart

    Le poète écrit, le poème est cri.

    Le poète est Je, le poème est double jeu.

    A dire-lire en ce livre une tirelire de cinquante délires aux formes très variées, aux tonalités multiples, sur des thèmes éclectiques, volontiers hétéroclites.

    Patryck Froissart double-joue, démultiplie et tire sur tout larigot.

    Prosodie classique ou divers vers dits libres, ponctués et non. 

    Rimes riches, suffisantes, pauvres, croisées, embrassées, plates, ou absentes.

    Lexique à huppe, mots désuets, termes modernes, ancien français, créole, brusque résurgence du rouchi de son enfance, impertinente irruption de ces mots qu’on dit gros.

    Bucolisme, érotisme, cynisme, épicurisme, romantisme, banditisme, lyrisme peut-être, et fantaisie jusqu’à la comptine enfantine. 

    L’ensemble, contrairement à ses précédents ouvrages, n’a ni queue ni tête. C’est très bien ainsi. La poésie n’a nul besoin de queue, et se passe aisément de tête.

    Sans interdit, le tout nouveau recueil de poésie de Patryck Froissart

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    Concernant Patryck Froissart

    Patryck Froissart, originaire du Borinage, à la frontière franco-belge, a enseigné dans le Nord de la France, dans le Cantal, dans l’Aude, au Maroc, à La Réunion, à Mayotte, avant de devenir Inspecteur de l’Education Nationale puis proviseur, et de diriger à ce titre divers établissements à La Réunion et à Maurice.

    Longtemps membre du Cercle Jehan Froissart de Recherches Poétiques de Valenciennes, il a collaboré à plusieurs revues de poésie et a reçu en 1971 le prix des Poètes au service de la Paix et en 2017 le 3e Prix Wilfrid Lucas décerné par la Société des Poètes et Artistes de France pour son ouvrage Le feu d’Orphée.

    Professeur de Lettres, rédacteur de chroniques pour le magazine La Cause Littéraire, Patryck Froissart est engagé dans diverses actions en faveur de la Francophonie.

    Membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), sociétaire de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France), de la SAPF (Société des Auteurs et Poètes de la Francophonie), de l’ADELF (Association Des Ecrivains de Langue Française), Patryck Froissart a été en 2017 membre du jury du Prix Jean Fanchette présidé par JMG Le Clézio.

    Extraits du livre

    J’entends qu’en tous les bals où me portent mes bulles,

    Fervent de clair de lune et friand de hasard,

    L’instant me fasse amant à l’aimant d’un regard

    Et se créent en secret de vifs conciliabules.

    (Coups d’œil)

     

    Pour fuir la chambre illusoire

    Je me suis fait alouette

    J’a foncé vers le miroir

    Et je m’a fêlé ma tête

    (Heureux qui comme Alice)

     

    Le comte, ami galant, sa noce finissant,

    Me convia de conjoindre en sa nuit conjugale

    Ardélise exigeant qu’à sa lune initiale

    Nous fussions trois gourmands à croquer le croissant.

    (Oroondate)

     

    Un jour vint un putois

    Portant hermine et pou-de-soie

    Ce pédant qui pétait plus haut que son derrière

    Me piqua là mon églantine

    (Cocufaction précoce)

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    Là, ils se desséchèrent de plus belle le gosier en inspirant incessamment des nuées de fumée bleue, et ils se l’irriguèrent en s’envoyant de nouvelles gorgées de bière fraîche, et, plus tard, dans la brume du lieu d’ambiance, ils reconnurent la fille.

     

    Esperanza, là, lalala, lalalala, chantonnait, yeux mi-clos, et dansait seule, autant ivre en printemps qu’ils l’avaient connue saoule en hiver.

     

    Ils la halèrent au bar, la hissèrent sur un tabouret et l’y épaulèrent afin qu’elle y tînt, la surhébétèrent de bière à la pression, puis, l’étayant de leurs bras entre eux deux, chacun animé des mêmes malhonnêtes intentions, ils la tractèrent tout au long du corridor ténébreux et la remorquèrent au travers du trottoir où, éteints qu’étaient à cette heure-là les rais des réverbères, régnaient des ténèbres propices.

     

    — On va où, chéri ? radotait-elle.

     

    — On y va, lghzala, on y va, querida mia, vamos, tu verras ! baragouinait Jean doucement.

     

    L’air frais fouetta leurs desseins et la ranima un petit peu.

     

    Ils l’affalèrent sur la banquette arrière.

     

    Jean s’assit auprès d’elle et lui entoura le col, qu’elle avait long, d’un bras propriétaire.

     

    — On est où, chéri ? bavassait-elle en une rengaine résignée, alors que la voiture quittait à toute vitesse les remparts millénaires et s’enfonçait dans la lueur pâle et fantasmagorique semblant émaner des immenses plaines à blé qu’il fallait traverser avant d’atteindre les premières sinuosités de la route grimpant abruptement vers le marabout qui marquait l’accès aux hauts plateaux.

     

    La More dans l'âme, roman de Patryck Froissart (extrait court)


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  • Sur ces entrefaites, il fut annoncé qu’aurait lieu sur la place du souk une séance gratuite de cinéma de plein air, organisée pour sa promotion par une marque d’huile.

     

    Considérant la connivence qui marquait de plus en plus leur coexistence, Jean Juba osa prier Tsaâzzoult de l’y accompagner.

    Malgré l’aménité croissante que lui témoignait la nymphe, il craignait encore la rebuffade. Ce ne fut pas le cas. Avec un grand sourire, elle agréa. Il en fut radieux.

     

    Epaules jointes, ils entrecroisèrent leurs éclatements de rire aux pitreries de Laurel et Hardy.

     

    Après le film, alors que les spectateurs se dispersaient, la voyant détendue et la sentant amicale, Jean se risqua à évoquer, sans grand espoir, la possibilité d’une promenade sur la piste menant à Tafeswa.

     

    Il fut sur le coup stupéfait qu’elle acceptât sans une seconde d’hésitation, et il en perdit toute audace.

     

    Ils marchèrent alors, sans but ni hâte, dépassés par des groupes de campagnards regagnant leurs douars à pied ou à dos d’âne, qui leur adressaient de courtois saluts.

     

    Puis les lieux se désertifièrent, et la voie s’offrit, libre et nue, toute à eux.

     

    Ils avançaient lents et légers, muets et brûlant du désir de dire, sachant qu’il leur était loisible à tout instant d’outrepasser la ligne interdite. Ils se tenaient là par le bout du cœur, sans vouloir se demander où la piste les menait.

     

    — Viens ! murmura-t-elle soudain dans un souffle qui embauma la brise et sidéra Juba, quittant la rectiligne et nue latérite pour un sentier tortueux et étroit qui s’ouvrait à gauche dans une végétation touffue.

     

    Le soleil d’été, parvenant à son dernier radian, avait adouci ses rayons. Leurs pas levaient de dérisoires bouffées de fine poussière. L’exiguïté de la sente contraignait leurs hanches à se frôler, leurs mains à s’effleurer.

     

    Aimanté au flanc de la campagnarde d’où il lui semblait que jaillissaient des essaims d’atomes crochus, Jean allait aérien, le nuage aux pieds.

     

    Ils longèrent un vague cimetière, parsemé sans ordre apparent de tumulus funéraires et de quelques rares pierres tombales en béton entre lesquelles poussaient épars des coquelicots au large calice et des bouquets puissamment odorifères de thym sauvage.

    De petits vergers d’oliviers s’intercalaient entre les champs de blé où, sur la terre pelée par l’été, ne subsistaient plus que de maigres bouquets ébouriffés de tiges de chaume.

     

    Le chemin, s’étrécissant encore, descendit bientôt en pente douce.

    Ils débouchèrent dans une clairière en synclinal que cachait à tout regard une oseraie au-delà de quoi se pressaient des oliviers au tronc énorme et aux immenses branches torses.

    Au centre de ce havre vert se dressait, ombragée par la large ramée d’un haut figuier, l’antique margelle d’un puits sur le bord de laquelle Tsaâzzoult l’invita à s’asseoir.

     

    — Les oliviers de mon oncle, dit-elle en désignant d’un geste circulaire les arbres vénérables qui les enclosaient.

     

    — Ils sont grands, ne sut-il que balbutier.

     

    — Ils sont très vieux, précisa l’angélique.

     

    Ils ne se dirent rien de plus.

     

    Certains instants de bonheur sont tellement arachnéens qu’un unique mot maladroit peut y provoquer une irrémédiable déchirure.

     

    Dans les lointains alentours, des ânes brayaient à tour de rôle. Des rumeurs sourdes arrivaient par bribes du douar le plus proche. Des tourterelles roucoulaient leurs amours exclusives. Un ranidé solitaire appelait à la copulation une partenaire hypothétique en émettant à intervalles réguliers la litanie toujours identique de ses coassements optimistes.

     

    Jean se tourna à demi, lentement, prudemment, vers sa compagne, dont le profil pur et paisible, rubescent sous les rayons de l’astre déclinant, lui parut illustrer la couverture du livre d’une autre vie.

     

    Elle ne bougea pas, mais esquissa sous la caresse de son regard un sourire éthéré qui fit davantage encore rayonner la grâce unique des contours de sa figure.

     

    Jean, bien que transi d’émoi, en lui-même brûlait.

     

    Cette bouche framboisée espérait à n’en pas douter la tendre morsure de ses dents, ce torse palpitant aspirait secrètement à la caresse fébrile de ses mains qu’il eût souhaité téméraires, la proximité voulue en ces lieux solitaires de ce giron virginal appelait à l’audacieuse conjonction.

     

    Qu’oserait-il dans l’oseraie ?

     

    Il ébaucha le mouvement qui lui eût permis de passer son bras droit autour des épaules de la pucelle, mais, pleutre, y renonça, le cœur tonnant, et se maintint coi, tout en déplorant l’acte manqué.

     

    Tous deux se contentèrent alors d’inspirer romantiquement le temps qui s’éternisait.

     

    Un bruissement soudain dans les proches broussailles tira Jean de l’inertie. Son brusque sursaut n’émut pas l’oréade qui chuchota tranquillement :

     

    — Serpent ! Matkhafch[1] ! 

     

    Sa sérénité rassura l’orant qui reprit la religieuse contemplation de sa madone.

     

    La survenue du serpent dans ce pourpris édénique, pensa-t-il, n’était peut-être pas un hasard dénué de sens. On pouvait bibliquement y entrevoir un possible déterminisme, un signe, une invite, un divin stimulus.

     

    Miracle ! Comme si elle l’avait entendu, Tsaâzzoult lui tendit la paume.

     

    Le benêt !

     

    Il est allé jusqu’à la source et il n’a rien bu[2] ! 

     

    Au lieu de s’empresser d’y mordre à pleines dents, il y posa la sienne et, sans souhaiter plus, remercia le ciel avec un soupir pire que ceux qui s’élèvent des gondoles glissant sur l’eau de rose de la lagune aux bluettes, sous les mornes ponts vénitiens.

     

    La jointure fut éphémère.

    D’ailleurs arrivèrent diffus les appels du muezzin.

    La demoiselle reprit la main, se leva, s’ébroua, et souffla au soupirant :

     

    — Il faut aller !

     

    A peine eurent-ils fait dix pas que le destin, donnant une seconde chance au pusillanime, profita de la présence opportune d’un nid de poule en la tortillère pour faire en sorte que Tsaâzzoult s’y tordît méchamment la cheville.

    Elle cria sous la fulgurance de la douleur et par réflexe afin de ne point choir elle s’accrocha de sa main chaude à celle de Jean qui la retint et s’écria doucement :

     

    — Tu t’es fait mal, Tsaâzzoult ?

     

    — Chouïa, ça va ! murmura-t-elle sans relâcher cette fois l’étreinte de sa menotte, moite.

     

    L’incident ne produisit pas l’effet qu’il eût dû. On eût souhaité qu’elle chût, sous la violence de la torsion, dans les bras de l’empoté, qui, lui-même emporté, se fût étalé dans l’herbe en entraînant l’accidentée, qui, elle-même, sous le coup du vertige, eût atterri de tout son corps sur celui de Jean, qui, lui-même...

     

    Vain vœu !

     

    L’union cette fois maintenue de leurs phalanges au moins leur fit-elle prendre conscience de l’importance de la distance qu’ils avaient parcourue l’un vers l’autre à mesure qu’ils s’étaient éloignés de la maison.

     

    Ils rebroussèrent la piste de latérite.

     

    Le petit démon dans l’âme à Jean s’opiniâtra encore, tant têtu était-il, à vouloir diriger l’action sur la voie du stupre, à essayer de l’engager dans le sens de la turpitude, à être l’instigateur de la débauche, à se comporter, si on ose dire, comme une sorte de tourne-au-vice.

    Il lui fit miroiter le caractère, propice à toutes les audaces, de la solitude des lieux, de la pénombre qui s’installait, de la facilité avec laquelle elle lui accordait sa main.

     

    Oh ! la belle occasion d’être là le larron de ce que la vestale semblait considérer comme son bien le plus précieux !

     

    En l’occurrence, insistait le lutin, le larcin serait de l’ordre de la peccadille, attendu que la victime semblait disposée à lui céder sur le champ d’oliviers ce qu’il ne pourrait peut-être plus jamais obtenir que par la force, dans un accès de violence qui serait diablement plus risqué. Pourquoi laisser passer cette chance ?

     

    Aut nunc, aut nunquam !

     

    Elle résisterait peut-être un peu, protesterait, pour la forme, lui opposerait sans profonde conviction les convenances, son éducation, sa morale, lui objecterait en mollissant la haïa, murmurerait haram en se pâmant, et puis lui ferait don d’elle avec ses sabots, dondaine...

     

    Accipe quam primum : brevis est occasio lucri ! ponctua le petit malin. 

     

    Faisant un petit pas dans le sens indiqué, Jean demanda doucement :

     

    — Ça va, ma chérie ? Tu veux qu’on se repose un peu sous ces oliviers-là ?

     

    — Oui, habibi, ça va, merci, non, il faut aller, maintenant ! susurra-t-elle en pressant fortement sa main.

     

    Bouleversé, l’imbécile n’alla pas plus loin.

    Le vocatif « habibi », en réponse à l’apostrophe « ma chérie » qu’il avait impulsivement osée, l’avait exalté.

    Il ne s’attendait pas à la subite advenue de cette émouvante connivence.

    Il ne voulait rien entreprendre de plus qui eût risqué, craignait-il, de rompre la cordiale harmonie qui en ces instants les unissait et les rendait suffisamment heureux.

    On aviserait à la maison...

     

    Ils poursuivirent donc d’un pas égal, en communion avec la totale eurythmie des lieux.

     

    Ils cheminaient, sans un mot, ceints d’un halo d’éclatante félicité dont leurs mains entrelacées constituaient le centre ardent.

     

     


    [1] N’aie pas peur !

    [2] Expression more.

    La More dans l'âme, roman de Patryck Froissart (extrait long)


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  • La More dans l'âme, roman érotico-initiatique

    La More dans l'âme, nouveau roman de Patryck Froissart

    Publié par Les Editions Ipagination le 8 février 2018

    Deux versions: livre broché (papier) et édition numérique

    Commandes:


    directement sur le site de l'éditeur ICI

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    Résumé:

    Un jeune professeur est affecté au cœur du royaume des Mores.

    Naïf, velléitaire, pusillanime, volontiers soumis, manipulé par un narrateur scandaleusement amoral, il tombe amoureux de toutes les femmes qu’il rencontre et dont il accepte immédiatement l’emprise.

    Ainsi se saisissent de lui Dragana, Slave de Marseille, Albina, fausse Portugaise, la fière Atlante Damya, Tamchicht, jeune répudiée du village où il enseigne, la puissante Kahina de la médina proche, l’Espagnole Esperanza qui hante les bars de la ville, la Boraine Angèle Coquebin, ex-maîtresse de son père, qui mène de louches activités auxquelles elle a décidé de l’associer, et Tsaâzzoult, une montagnarde supposément candide qui a résolu de l’épouser et de le soustraire aux tentations immorales auxquelles le soumettent les précédentes.

    Ce récit initiatique, érotico-sentimental, fortement empreint d’humour et de dérision, constitue un roman facétieux sur fond de questions existentielles qu’il appartient aux lecteurs de découvrir.


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    9782367910130_w150

    Les bienheureux

    Editions Ipagination (août 2013)

    Présentation:

    A quel point le bonheur d’aimer ou d’être aimé peut-il se conjuguer avec l’acceptation de se soumettre aux exigences de l’autre, voire naître et croître à mesure que ces contraintes se changent en un asservissement s’accompagnant d’humiliations, de brimades, et, à l’extrême, de sévices susceptibles de provoquer la mort ?

    C’est la question que posent les huit nouvelles de cet angoissant recueil de Patryck Froissart.
    La thématique du plaisir-souffrir est ici sous-tendue par le mythe de la femme fatale, de la sirène, de la Lorelei qui joue de la fascination qu’elle exerce pour précipiter les bateliers contre les rochers où se fracassera leur esquif.

    Lien: Les bienheureux

    Biographie de l'auteur Patryck Froissart, originaire du Borinage, à la frontière franco-belge, a enseigné dans le Nord de la France, dans le Cantal, dans l'Aude, au Maroc, à La Réunion, à Mayotte, avant de devenir Inspecteur de l'Education Nationale puis proviseur, et de diriger à ce titre divers établissements à La Réunion et à Maurice. Il a publié: en 2011 La Mise à Nu, un roman (Mon Petit Editeur), en 2012, La Mystification, un conte fantastique (Mon Petit Editeur), en août 2013, Les bienheureux, un recueil de nouvelles (Ipagination Editions), et est un des co-auteurs de Fantômes (2012) et de La dernière vague (2012), ouvrages publiés par Ipagination Editions. Longtemps membre du Cercle Jehan Froissart de Recherches Poétiques de Valenciennes, il a collaboré à plusieurs revues de poésie poétiques et a reçu en 1971 le prix des Poètes au service de la Paix.


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  • LES BIENHEUREUX (cliquer)

     

    Patryck Froissart

    PREFACE de MARC DURIN-VALOIS

     

    9782367910130_w150

    Ecrire des nouvelles est un art compliqué. L’histoire de ce genre littéraire est néanmoins ponctuée de splendeurs. Mais à vouloir faire court, on longe un précipice, celui de la caricature. Une des explications de la bouderie actuelle du public pour le genre tient au fait que certains écrivains ont pensé que produire une série de dix nouvelles sur quinze pages était plus aisé que de développer un roman sur cent cinquante. Un peu comme si le cent mètres exigeait moins d’efforts que la course de fond au motif que la distance était plus courte. D’où des tentatives qui ont lassé des lecteurs souvent bien disposés mais égarés dans des machins littéraires peu convaincants. Car la nouvelle a ceci de particulier qu’elle est l’art de l’inachevé. Chacune de ses séquences, je dirai même chacune de ses phrases, doit ouvrir sur un espace littéraire qui n’existe pas, qui n’est jamais écrit mais qui se dessine en filigrane dans l’esprit du liseur. L’exercice est d’autant plus subtil que ce champ –en quelque sorte l’ombre portée du texte- ne s’approche pas à travers un vocabulaire flou, indécis. Ce serait trop facile. C’est la précision du propos, la finesse de la trame qui libère cet espace. La nouvelle est donc le départ de quelque chose, jamais un aboutissement. Sa dernière phrase ne referme pas un texte, elle l’ouvre en indiquant une orientation pour errer dans un imaginaire qu’elle fait émerger à travers le fil invisible qui traverse le recueil. Car c’est là l’autre difficulté de la chose : une nouvelle ne se suffit pas à elle-même. Elle tisse des liens secrets, suscite des résonances puissantes avec les autres récits du même opus. En ce sens, non seulement elle ne duplique pas la construction littéraire sur des formats courts mais elle l’inverse et la refaçonne. Dans « Les bienheureux », Patryck Froissart nous en livre une démonstration foisonnante. Les femmes y dévorent les hommes avec un sourire doux, amusé et sensuel. Toutes dialoguent entre elles, d’une histoire à l’autre, dans un dialogue qui n’est jamais écrit, ou même évoqué. Au gré des lecteurs, l’une ou l’autre image de ces diaboliques s’imposera plus fortement. Mais celles des deux filles malicieuses du garagiste envoyant les automobilistes ad patres, de la sublime domestique Indranee posant son pied sur le dos d’un cadre français fasciné, ou encore celle, lancinante de Stéphanie, vampirisant le talent d’un écrivain en lui offrant en échange ses seins à lécher, n’ont pas fini de nous hanter.

    Marc Durin-Valois

    Marc Durin-Valois figure parmi les romanciers inscrits dans une littérature française ouverte sur le monde et notamment les États-Unis et l'Afrique où l’auteur a passé sa jeunesse.
    Il est notamment l'auteur de "l'Empire des solitudes" (JC Lattes), Prix de la Rochefoucauld, de "Chamelle" (JC Lattes), Prix National des Bibliothèques et Prix de la Francophonie, porté au cinéma par la réalisatrice Marion Hansel, et de "La dernière nuit de Claude Eatherly" (Ed Plon), paru lors de la dernière rentrée littéraire.


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    Fantomes-couverture
     
    Bonjour Patryck 
    Permettez-moi de m'adresser à vous pour vous laisser mes impressions concernant votre nouvelle.
    Évidemment ce n'est pas du tout de l'ordre d'un commentaire sur le site Ipagination. Je  n'ai pas cette occasion de pouvoir dialoguer avec des auteurs, étant étrangère au monde littéraire. C'est pourquoi cela me fait plaisir de pouvoir vous écrire ce mail . J'espère ne pas vous déranger avec mon bavardage.
     
    Dans un premier temps j'ai été destabilisée par la longueur des phrases et par la richesse du vocabulaire ... Pourtant très vite je me suis laissée guider comme apprivoisée par votre musicalité. J'ai tiré leçon à chaque ligne, j'ai aimé lire ce mot sentine comme bien d'autres car ils sont semés délicatement et fort généreusement.
    Ensuite je suis cueillie et agréablement surprise par cet érotisme à la fois puissant et  tellement poétique.
    Une confusion à plusieurs sens qui mènent lentement vers la non-explication du phénomène.
    Vous maniez même l'humour toujours avec cette grande délicatesse...j'ai relevé ce passage suite à celui du beurrier qui avait connu toutes les guerres sans le moindre choc !
     
    Elle avait bredouillé pardon, mémère et s'était ressaisie, s'était rassise sur son séant, droite sur ses charbons ardents, et impulsivement avait bloqué de ses genoux agités d'un tremblement nerveux le pied entreprenant.
     
    J'ai adoré ce style tellement... Je pense peut-être à tort au mot "frétillant" en m'imaginant un Georges Brassens à l'oeil qui pétille.
     
    Très beau final et ce mot dessiccation en prime !
     
    Mon mail peut paraître bien "entreprenant" lui aussi ! Surtout n'en croyez rien ! Il se veut juste le reflet de mon enthousiasme à vous avoir lu et croyez qu'au plaisir de la lecture s'est ajouté une très belle leçon d'écriture.
     
    Modestement et bien amicalement 
    Tippi 
     
    2011-07-17a-hank

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    Communiqué

     

     

     

     

     

    La Mystification
    par Patryck Froissart

    La passion amoureuse nous vient, d'après le discours d'Aristophane dans «Le Banquet« de Platon, du souvenir de l'époque lointaine où Zeus décida, pour les punir de leur prétention à égaler les dieux, de couper les hommes en deux pour les rendre plus faibles.
    Depuis, chacun ne cesse de rechercher son complément. 
    C'est ce mythe, dit de l'androgyne, qui constitue le thème obsédant de «La Mystification«.
    Dans ce «proème« (terme emprunté à Francis Ponge pour désigner ici, de façon spécifique, une alternance régulière de textes poétiques et de courts récits en prose), Patryck Froissart, poète et conteur voyageur, emporte son personnage dans une course infinie et éperdue, ponctuée de séparations brutales et de retrouvailles flamboyantes, à travers les lieux, les époques, l'Histoire, les histoires, et les réincarnations.

    Retrouvez des extraits de ce livre en cliquant ici

     

     

     

     

     


     

    Informations complémentaires

     

     

    Genre : Conte poétique
    ISBN : 9782748386967 - 196 pages - 22,00 €


     

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  • La Déferlante, une nouvelle que j'ai écrite fin 2011, a été publiée en février 2012 dans un recueil de dix nouvelles, intitulé La dernière vague.

     

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    Cet ouvrage est disponible sous deux formes: 

    - une version imprimée, classique, sur papier

    - une version électronique

    Pour commander le format "papier":

    http://www.amazon.com/La-derni%C3%A8re-vague-Recueil-nouvelles/dp/2970071193/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1335704330&sr=8-1

    Pour commander le format électronique au Canada:

    http://www.amazon.com/derni%C3%A8re-vague-French-Edition-ebook/dp/B007JFSEUC/ref=sr_1_4?ie=UTF8&qid=1335704330&sr=8-4

    Pour commander le format électronique en France:

    http://www.amazon.fr/La-derni%C3%A8re-vague-ebook/dp/B007JFSEUC/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1335704546&sr=8-2


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